le diable se cache dans les détails

More. 1969 

More, en résumé:
Un certain Stefan Bruckner, en quête de sens existentiel et de paix intérieure, tombe par hasard foudroyé sous le charme d'une Estelle Miller, mystérieuse, ambigüe, toxicomane, en relation étrange à Ibiza avec un énigmatique Dr Wolf, nazi et narcotrafiquant, et démarre une histoire d'amour avec elle. 

Voilà trois lignes pour résumer l'intrigue. Et pourtant...

Au delà d'une histoire de junkies et d'une profonde réalisation esthétique, un bijou dans sa conception à partir de simulacres, et en deçà une énigme propre à en faire un précis de psychopathologie. 
Le spectateur, souvent émerveillé, reste inassouvi, et même mal à l'aise. Est ce la drogue omniprésente, presque un manuel d'utilisation, la nudité particulièrement appuyée pour un film grand public à cette époque, qui lui confèrent un aspect antisocial voire immoral, ou plutôt un ressenti en profondeur quant à la tragédie qui se développe devant nos yeux, dont les ressorts inconscients sont à décrypter? 
 
Point de discussion en ce qui me concerne par mon incompétence sur la technique cinématographique et le contexte sociétal dans lequel baignait Schroeder, qui avait 28 ans à l'époque - le même âge que les acteurs qu'il dirige dans le film - avec la création des films du Losange et ses amis de la nouvelle vague et des Cahiers du Cinéma. Christain Larcheron a fait un travail fantastique auquel j'invite à se référer.  http://unesecondeetleternite.blogspot.com/2012/05/more-chef-duvre-de-barbet-schroeder-ce.html

MORE, le signifiant, sa structure et sa symbolique.

L'architecture s'étire sur 5 cycles comprenant un certain nombre de mouvements que j'ai titrés :
 
Cycle1: Cherche phare ( Anmchara ) désespérément ( Kerouac's song)


Cycle 2 : Nymphomaniaques ( Aphrodrite's song)  :  2 parties
                        
                       Gâterie terra cognita, aka se reconnaitre sans se connaitre 


                        Au delà du désir, alea jacta est mais les dés sont pipés


Cycle 3  Les faces du destin : 2 parties 
                        Le double jeu de Rapunzel, Azazello et le Leviathan  ( Bougakov's song)


                                             

         

                           Lilith's pact in Narcotic Dyonisiac ( Baudelaires's song)
                   

                                              


Cycle 4 : Vertigo Transgression Express, sous le soleil de Satan ( Hitchcock's song)  : 2 parties 


              

                 Vestibule du paradis perdu                           
                  Toxic dreams: le réveil des démons             

Cycle 5 : Echec et Maths ( Bergman's song) : 2 parties

                   
                  Le crépuscule d'Icare : le retour du refoulé 
                  La malédiction de la Veuve Noire                

Sur la structure narrative, deux épisodes: 
du cycle 1 à 3, Stéfan en tant qu'acteur, narrateur 
du cycle 4 à 5, Stéfan en tant que captif de son destin, spectateur 

Sur la symbolique, 4 niveaux de lecture:

les contes traditionnels Peau d'Ane-Chaperon Rouge-Belle et la Bête- Raiponce, pervertis par ses antihéros, deviennent une tragédie grecque ( niveau 1 ) qui fait émerger un matériau accessible à une lecture en psycho pathologie analytique ( niveau 2), et un hymne anti totalitaire désenchanté donc socio-politique ( niveau 3 ), aspect que tout le monde ou presque à dénié à ce film. Enfin, thriller d'esprits pervers experts comme poupées russes de l'emprise, de par la lutte entre le Mal et rien, dans un lost paradise, elle devient une fable métaphysique ( niveau4).

Le fil, c'est l'histoire de processus toxiques dans une chaîne relationnelle, leurs impacts sur l'intime et l'émergence d'une victime expiatoire, ici l'antihéros masculin qui, résolvant son Oedipe, est pris au piège du sexe pour en assouvir les tensions physiques et émotionnelles. L'apparence est celle d'une histoire d'amour "banale" qui, comme on le sait, finit mal en général.
Maintenant on comprend que la drogue peut être reléguée au niveau d'outil scénaristique esthétisant et in the wind, artifice au même titre que l'instrumentalisation du soleil qui vient crever l'écran, et la beauté des images, pour obturer la vision du sordide 





Les relations toxiques ont été modélisées par le triangle de Stephen Karpman en 1968, intéractions qui se jouent à 2 ou à 3 le plus souvent, travail qui ne pouvait passer inaperçu, je pense, pour l'assoiffé d'érudition un peu cynique P. Gegauff.





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